Alors que certaines universités américaines proposent des tablettes tactiles à chacun de leurs étudiants, des élèves des Hauts-de-Seine ont pu, dès la dernière rentrée scolaire, découvrir les joies de s’instruire sur ces nouveaux outils numériques à raison de deux iPad par établissement. Cette expérience témoigne des efforts du monde de l’éducation pour combler son retard en matière de nouvelles technologies. Les prophéties les plus optimistes jugent que plus encore que les ordinateurs portables ou les netbooks, ces tablettes à tout faire sont à même de remplacer les cahiers à carreaux.
Il faut dire que ces petits bijoux technologiques, qui ont mis un certain temps à parvenir sur nos bureaux de technivores invétérés, possèdent bon nombre de qualités propres à leur permettre de relever leur pari délicat. Les premiers chiffres de vente ne trompent d’ailleurs pas : alors que bon nombre de grands constructeurs n’ont pas encore sorti leurs tablettes tactiles, il s’en est déjà vendu quelque 20 millions dans le monde (dont un tiers d’iPad). Premier avantage non négligeable : leur taille et leur poids combinés à leurs capacités de stockage intéressantes, qui en font la principale alternative aux cartables surchargés. Et ce n’est pas un mal quand on sait que ces derniers, malgré la mise en garde des professionnels de santé et une sensibilisation grandissante, atteignent allègrement les dix kilos. L’interface des tablettes tactiles, quel que soit le système d’exploitation embarqué (Androïd, iOS, Windows 7, Linux…) sont simples et intuitives, à même d’être facilement maîtrisées par les élèves de tout âge. Les applications disponibles sur tous les supports permettent d’exécuter des tâches bureautiques basiques : traitement de texte, tableurs, surf sur internet, consultation de livres… et offrent une bonne porte d’entrée vers la maîtrise des technologies numériques. Reliées en réseaux (Wifi ou 3G), les tablettes tactiles permettent l’échange aisé de documents et le travail collaboratif. Leur capacité à se muer en liseuse leur permettrait également d’accueillir la totalité des manuels scolaires… s’ils étaient disponibles.
Alors que les éditeurs « éducatifs » anglo-saxons commencent à mettre à disposition leur catalogue en version numérique, les grands ténors de ce marché lucratif, en France, ne sont pas pressés, craignant le piratage, de suivre leur exemple. Et c’est précisément ce passage des manuels d’un support à un autre qui sonnerait le véritable début de la révolution, faisant oublier les défauts de jeunesse des tablettes tactiles . Le cas de l’iPad est le plus représentatif de leurs limites actuelles : impossibilité d’imprimer les documents, suite bureautique (iWork) intéressante, mais à laquelle il manque des fonctionnalités cruciales pour les écoliers et les étudiants, prix encore excessif, partage des données relativement complexes… le chemin à parcourir est encore long. Mais la diversification de l’offre prévue avec la déferlante de cette fin d’année marque le début d’une nouvelle ère. Apple a déjà annoncé, pour novembre, une mise à jour majeure de son iOS (prenant en charge l’impression, par exemple), Androïd en constante évolution devient une solution de plus en plus sérieuse et les tablettes embarquant le complet Windows 7 pointent le bout de leurs séduisants écrans. Ainsi, si la tablette tactile, en l’état, est un très bon outil complémentaire, il y a de fortes chances qu’elles retrouvent à terme le chemin de l’école… À condition, bien sûr, que cette dernière prenne enfin le virage numérique et que les mentalités, notamment celles des éditeurs, évoluent.